Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/57

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réguliers dessins gris de cendre qu’on comprenait formés de poussière sporagineuse, issue de l’intérieur. Je l’ouvris ; il était plein d’une matière boueuse, au centre formant gelée claire ; il en sortait une nauséabonde odeur.

Autour de lui, d’autres plus ouverts n’étaient plus que comme ces fongosités aplaties qu’on voit sur le tronc des vieux arbres.

— (J’écrivais cela avant de partir pour Tunis — et je te le copie ici pour te montrer quelle importance prenait pour moi chaque chose aussitôt que je la regardais. )

Honfleur, (dans la rue.)

Et par moments il me semblait que les autres, autour de moi, ne s’agitaient que pour augmenter en moi le sentiment de ma vie personnelle.

Hier j’étais ici — aujourd’hui je suis là
Mon Dieu ! que me font tous ceux là
Qui disent, qui disent, qui disent :
Hier j’étais ici, aujourd’hui je suis là…

Je sais des jours où me répéter que deux et deux faisaient encore quatre suffisait à m’emplir