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Page:Gide - Numquid et tu, 1926.djvu/12

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Et viendrait-elle à s’ébruiter, ce serait contre mon gré, froissant et meurtrissant ma pudeur. J’estime qu’il n’y a pas là matière à s’étonner ou s’ébaudir. C’est affaire entre Dieu et moi. Tel est du moins mon sentiment personnel ; et je ne prétends point, par ces mots, jeter un blâme sur quelques conversions retentissantes.

Converti, je ne parlerais sans doute pas ainsi. Converti, je chercherais à convertir, par mes écrits et mon exemple, tout comme nos convertis célèbres. Mais je ne suis pas converti. Je ne suis ni protestant, ni catholique ; je suis chrétien, tout simplement. Et précisément je ne veux pas que l’on se trompe sur la valeur du témoignage que ces pages apporteront. Sans doute les signerais-je encore aujourd’hui de tout mon cœur. Mais, écrites durant la guerre, elles gardent un reflet certain de l’angoisse et du désarroi de ce temps ; et si, sans doute, je les signerais encore, je ne les écrirais peut-être plus.

Je ne prétends point que l’état qui suivit