Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/107

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l’augmentation fût proportionnelle pour tous), mais cela changerait fort la situation de la France vis-à-vis des pays étrangers, et les économistes ont eu quelquefois le tort, dans leur lutte contre le système mercantile, de sembler nier un fait aussi évident. Il est bien vrai que, en raison même de leur abondance, les pièces de monnaie se trouveraient dépréciées en France, mais elles ne le seraient point ailleurs : elles conserveraient intact leur pouvoir d’acquisition sur les marchés étrangers et là, par conséquent, la France pourrait se procurer un accroissement de satisfactions proportionnel à l’accroissement de son numéraire.

La thèse des économistes que le plus ou moins d’abondance de numéraire est chose indifférente, ne devient donc absolument vraie que du moment où l’on embrasse par la pensée non plus seulement certains individus, ni même certains pays, mais le genre humain dans son ensemble. Alors il devient parfaitement exact d’affirmer que la découverte de mines d’or cent fois plus abondantes que celles qui existent à ce jour ne serait d’aucun avantage pour les hommes ce serait même un événement plutôt désagréable, car l’or en ce cas ne valant pas plus que le cuivre, nous serions obligés de surcharger nos poches d’une monnaie aussi encombrante que celle que Lycurgue voulut imposer aux Lacédémoniens[1].



V

SI LE NUMÉRAIRE EST DESTINÉ À BAISSER INDÉFINIMENT DE VALEUR.


La dépréciation de valeur de l’argent depuis un millier d’années est un fait démontré par toutes les recherches his-

  1. Adam Smith avait dit : « Les mines les plus abondantes de métaux précieux n’ajouteraient rien à la richesse du globe, un produit qui fonde sa principale valeur sur sa rareté étant nécessairement déprécié lorsqu’il abonde ». (Voy. ci-dessus, p. 89, note 2 sur la théorie quantitative).