Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’a d’autre objet que certains faits de l’homme, d’écarter de propos délibéré la recherche de ce que l’homme peut faire et de ce qu’il doit faire. Et la méthode historique qu’on emploie de préférence aujourd’hui rend encore plus difficile cette séparation, puisqu’il est bien impossible d’étudier ce que les hommes ont fait dans le passé sans se demander pourquoi ils ne le font plus et font autrement.

Toutefois nous donnerons satisfaction dans une certaine mesure à cette méthode en étudiant dans une partie préliminaire purement théorique les idées de richesse et de valeur, c’est-à-dire comment elles se forment, comment elles se mesurent et quels sont les rapports nécessaires qui s’établissent entr’elles. C’est précisément ce que les partisans de la séparation entre l’art et la science appellent l’économie politique pure[1]. Cette partie spéciale nous paraît justifiée par l’importance toute spéciale de la notion de la valeur. Dans presque tous les traités d’économie politique on fait simplement de la valeur un des chapitres de l’échange. C’est la présenter sous un aspect singulièrement étriqué. La notion de la valeur est le fondement de toute l’économie politique : elle est, comme nous le verrons plus loin, antérieure à l’échange et ce n’est pas seulement l’échange, mais la répartition, la consommation et la production elle-même qui se ramènent, tant au point de vue purement scientifique qu’au point de vue pratique, à des questions de valeur. Il est donc rationnel de lui faire une place à part, pour éviter de la mettre partout.


III

S’IL EXISTE DES LOIS NATURELLES EN ÉCONOMIE POLITIQUE.

Quand on donne à une branche quelconque des connaissances humaines le titre de « science », on n’entend point

  1. Les traités de MM. Walras et Pantaleoni, par exemple, ne traitent sous ce nom « L’économie politique pure », que de la valeur.