Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’extraction, la fonte et le travail des métaux. Il commença à être utilisé comme force motrice le jour où l’on eut découvert la force explosive qu’une seule étincelle peut communiquer à certaines substances, c’est-à-dire, la poudre à canon, et, sous cette forme, il est encore employé de nos jours, non seulement pour chasser à quelques kilomètres des projectiles, mais pour divers travaux industriels. Mais ce n’est que lorsque Newcomen (1705) et plus tard James Watt (1769) eurent employé la chaleur à dilater de la vapeur d’eau enfermée dans un réservoir clos, et eurent ainsi créé ce merveilleux instrument de l’industrie moderne qui s’appelle la machine à vapeur[1], que le feu devint l’âme de l’industrie.

Il est donc permis de se demander avec quelque anxiété ce qu’il adviendrait de l’industrie humaine, si un jour, la houille venant à lui faire défaut, il lui fallait éteindre ses feux ?

Il est probable alors que l’on reviendra aux forces naturelles par des moyens qui permettront de mieux les utiliser.

Pour tirer parti de la force immense des eaux en mouvement, il suffirait qu’on trouvât le secret ; d’une part de la transporter à distance, pour l’appliquer sur le point où nous pouvons l’utiliser, et d’autre part d’emmagasiner ces forces, qui ne se développent que d’une façon intermittente, pour les employer au moment où nous en avons besoin. Or, c’est ce qu’on commence à faire aujourd’hui, soit par la distribution directe de l’eau à haute pression dans des conduites, comme à Genève, soit par le moyen de l’électricité, comme à la chute du Niagara. Déjà la force motrice se distribue à domicile, comme l’eau et le gaz, et il suffit de tourner un ro-

  1. Je dis « merveilleux » en raison des services rendus. En réalité, la machine à vapeur est, au contraire, un instrument très défectueux, en ce sens qu’elle n’utilise qu’une très faible partie, 1/10 tout au plus, de la chaleur développée par la combustion du charbon. Il y a déperdition énorme du foyer à la chaudière et déperdition considérable encore, quoique moindre, de la chaudière à la machine proprement dite. Aussi, un ingénieur, M. Le Bon, a-t-il pu dire « J’espère bien qu’avant vingt ans, le dernier exemplaire de ce grossier appareil aura été rejoindre, dans les musées, les haches de pierres de nos primitifs aïeux ».