proportion entre la quantité de monnaie qui doit circuler dans un pays et les besoins de ce pays, et que si cette quantité venait à être brusquement accrue, il en résumerait une crise qui se manifesterait par une hausse générale des prix et aurait des conséquences très fâcheuses pour tous les consommateurs, particulièrement pour les créanciers et rentiers.
On peut dire, il est vrai, que quand il s’agit de monnaie métallique et surtout d’or, il est très aisé, pour un pays d’écouler son trop plein de monnaie, et que même la force des choses se charge de l’en débarrasser. Mais tel n’est pas le cas quand cette monnaie se présente sous la forme de papier-monnaie ou même de billets de banque (Voy. pp. 271 et 355 les causes de cette crise et les moyens de la prévenir)
Quant à la diminution dans la quantité de monnaie, tout le monde y voit un danger et même on s’en effraye fort. Sans doute cet effroi tient en partie à certains préjugés sur le rôle de l’argent ; cependant nous avons constaté à diverses reprises (Voy. ci-dessus, p. 101) que ces craintes ne sont pas sans fondement[1]. Quand la balance du commerce a été longtemps défavorable à un pays et que ses réserves en numéraire ne sont pas très considérables, il arrive un moment où la monnaie n’est plus en quantité suffisante. En ce cas les encaisses des banques diminuent, le change devient défavorable, il faut élever le taux de l’escompte, et beaucoup de négociants, ne pouvant plus faire honneur a leurs engagements, font faillite. C’est ce qu’on appelle les crises monétaires. Ce sont les plus dangereuses en ce sens qu’elles paraissent avoir au plus haut degré le caractère épidémique, mais ce sont aussi celles qui ont été le mieux étudiées, dont on peut le mieux prévoir la venue et que, par suite, on peut le mieux conjurer (Voy. ci-après, p. 355, L’élévation du taux de l’escompte).
- ↑ M. de Laveleye voit même dans ce fait la seule cause essentielle de toutes les crises. Voy. l’ouvrage déjà cité, pp. 105, 117, 128. Beaucoup d’économistes pensent que la crise actuelle, c’est-à-dire la dépression des prix qui se prolonge depuis plus de quinze ans, a pour cause une raréfaction du métal or. Voyez cette question discutée dans le livre de M. Hector Denis, La dépression des prix.