Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/289

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C’est bien au troc que l’on arrive dans le commerce international, puisque en somme chaque pays paie plus ou moins ses importations avec ses exportations, c’est-à-dire échange ses produits contre les produits étrangers[1].

C’est bien à une sorte de troc que l’on arriverait dans l’hypothèse que nous avons supposée, celle où tous les habitants d’un pays seraient clients d’une même banque : cet état où nul n’aurait plus besoin de monnaie ne pourrait s’expliquer que parce que chacun paierait les produits ou les services qu’il consommerait avec ses propres produits ou ses propres services.

C’est bien une sorte de troc qui est réalisé dans cette merveilleuse institution du Clearing-House, car ces liasses monstrueuses de chèques, lettres de change, effets de commerce qui sont échangés et compensés chaque jour, ne sont que les signes représentatifs de monceaux de caisses, de ballots, de barriques, qui ont été échangés en nature, et pour qui sait regarder derrière les coulisses, le Clearing-House apparaît comme un grandiose marché analogue à ceux des peuplades africaines ou des cités disparues, avec cette seule différence qu’au lieu d’échanger les marchandises en nature, on échange les titres qui les représentent.

Il est vrai que si les métaux précieux perdent leur fonction d’instrument d’échange, ils conservent toutefois leur autre fonction de mesure des valeurs, car il est clair que tous ces papiers, billets de banque, etc., reposent en fin de compte sur la valeur de la monnaie métallique. Seulement cette base devient chaque jour de plus en plus étroite relativement à l’énorme édifice que le crédit bâtit sur elle. C’est, comme on

    exemples non moins curieux : — le formalisme littéral des législations primitives tend à revivre dans les législations avancées, sous forme de mentions inscrites sur des registres, le gouvernement direct par le peuple des cités antiques reparaît dans le referendum des constitutions modernes — le service militaire obligatoire pour tous les citoyens nous ramène à l’état qui a précédé l’institution des armées permanentes, etc.
    Voy. cependant l’opinion contraire dans l’Évolution régressive de MM. Massart, de Moor et Vandervelde.

  1. Voy. dans le chapitre suivant, p. 291.