Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans seulement, la France a acheté à l’étranger pour 2.860 millions fr. de marchandises de plus qu’elle ne lui en a vendu, ce qui représente un excédent annuel des importations sur les exportations de près de 600 millions.

Faut-il conclure de ces chiffres que la France est obligée de payer tous les ans à l’étranger plus d’un demi milliard en monnaie par an ? Ce n’est pas probable, car il est facile de constater par l’observation la plus superficielle que la quantité de monnaie en circulation ne paraît pas avoir sensiblement diminué. Mieux que cela ! elle a augmenté ! en effet, les mêmes douanes qui enregistrent les exportations et les importations de marchandises, enregistrent aussi les entrées et les sorties de métaux précieux. Or, voici les chiffres relatifs à la même période.

1892
Entrées
507 millions.
caSorties
213 millions.
1893
cacac
464
cachica
243
1894
cacac
550
cachica
217
1895
cacac
393
cachica
323
1896
cacac
479
cachica
512


2.393 1.508


Le stock numéraire de la France s’est donc accru durant cette même période de près de 900 millions (dont la presque totalité, 816 millions, en or), soit 175 millions par an[1].

Si nous prenions l’Angleterre, les chiffres seraient plus surprenants encore. L’excédent annuel des importations sur les exportations y atteint en moyenne près de 5 milliards, c’est-à-dire qu’une seule année devrait suffire pour enlever environ deux fois tout le numéraire de l’Angleterre, car il ne dépasse pas 3 milliards fr. ! Il n’en est rien pourtant et nous voyons au contraire, là comme en France, les entrées de numéraire dépasser ordinairement les sorties.

  1. Sans doute ces relevés de la douane ne sont pas très exacts, l’argent que les voyageurs portent sur eux, par exemple, n’y figurant pas. Mais les erreurs ou omissions devant être à peu près les mêmes pour les entrées et les sorties, le rapport entre les deux termes n’en doit pas être sensiblement modifié.
    D’ailleurs la même preuve est fournie aussi par l’encaisse de la Banque de France qui est montée de 2.500 millions en 1891 à 3.300 en 1897.