Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/303

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Cet avantage de l’échange international suppose ordinairement une infériorité productive chez le pays qui importe : ce n’est point pourtant une condition nécessaire. Un pays peut avoir avantage à se procurer par l’importation certaines richesses, alors même qu’il serait en mesure de les produire dans des conditions plus favorables que le pays qui les lui vend. Supposons que les Antilles puissent produire du blé dans des conditions plus favorables que la France, par exemple avec 3 journées de travail par quintal au lieu de 6, ne semble-t-il pas qu’il serait plus avantageux pour elles, en ce cas, de produire directement leur blé plutôt que de le faire venir de France ? — Et cependant il est très possible que les Antilles trouvent leur compte à importer leur blé de France. Il suffit de supposer qu’elles trouvent le moyen de payer ce blé français avec une denrée qu’elles pourront produire dans des conditions encore plus favorables que le blé, par exemple, avec du sucre qui ne leur coûtera qu’une journée de travail. Il est clair que cette opération leur sera très avantageuse, puisqu’elle leur procurera la même quantité de blé avec un travail trois fois moindre.

Un pays pourrait donc être supérieur de tous points à ses voisins et avoir néanmoins intérêt à importer leurs produits. Même en ce cas, il trouverait avantage à se consacrer à la production des articles pour lesquels sa supériorité est la plus grande et à les offrir à ses voisins moins privilégiés pour se procurer en échange les produits pour lesquels sa supériorité, quoique réelle encore, est pourtant moins marquée. En ce cas, il est vrai, l’exportation ne sera plus qu’un moyen, do ut des.

Quant à l’exportation, ses avantages sont les suivants :

1° Tirer partie de certaines richesses naturelles ou forces productives qui seraient inutiles ou du moins surabondantes si elles ne trouvaient un débouché au dehors. Sans l’exportation, le Pérou ne saurait que faire de son guano ou de ses

    nationales », est longuement traité par Ricardo, Stuart Mill (Principes, tome II, liv. III. ch. 18), Cairnes (Some leading Principles liv. III, ch. 3) et Cournot (Principes mathématiques de la théorie des richesses, ch. 12).