Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/329

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et coûteux ; ils créent toute une puissante et démoralisante industrie qui s’appelle la contrebande : ils sont très propres à provoquer des conflits internationaux.

8° Même au point de vue purement protectionniste, ils atteignent mal le but proposé, en ce sens qu’ils établissent une protection inégale, insuffisante pour les faibles, inutile pour les forts. Voici un droit de 7 francs par quintal de blé qui doit élever le prix du blé de 20 à 27 francs. Le propriétaire cultivant dans des terrains médiocres ou ne disposant que de ressources insuffisantes, qui ne produit que 10 quintaux par hectare, n’y trouvera qu’un supplément de revenu de 70 francs ce qui ne sera peut-être pas suffisant pour couvrir ses frais ; mais le propriétaire déjà favorisé par la nature ou employant des procédés perfectionnés, qui récolte 30 quintaux par hectare et qui, à raison même de sa situation privilège, pouvait très bien se passer de toute protection, y trouvera au contraire un supplément de revenu de 210 francs par hectare !

9° Enfin au point de vue moral, ils entretiennent dans le pays une équivoque funeste en lui faisant prendre pour un gain ce qui, en réalité, est une charge.


N’y aurait-il donc pas quelque autre système possible pour remplacer les droits de douane, et qu’on pourrait appeler la protection sans droits protecteurs ? Théoriquement, oui. C’est le système des primes à la fabrication de certains produits[1].

Ce procédé ne présente aucun des inconvénients que nous avons signalés comme inhérents au système des droits à l’im-

    lorem), il donne lieu à des déclarations de valeur mensongères que le droit de préemption de l’administration des douanes ne peut réprimer que dans une faible mesure. Si les droits sont fixés par la loi d’après le poids ou à la pièce de chaque catégorie de marchandises (c’est ce qu’on appelle droits spécifiques et ce sont ceux usités en France), ils exigent des classifications très compliquées et aboutissent néanmoins à des inégalités criantes.

  1. Il ne faut pas confondre ces primes à la production avec les primes à l’exportation, employées par divers pays par exemple l’Allemagne, l’Autriche et la France pour le sucre, et qui ont cet étrange résultat de permettre de vendre meilleur marché aux étrangers qu’aux nationaux !