Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/348

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se conciliât mieux avec les exigences du dépôt[1]. On voit qu’il suffirait que les demandes en remboursement des dépôts fussent échelonnées sur une période de six semaines, pour que le banquier fût toujours en mesure de faire face aux demandes, grâce à ses rentrées : or il est peu probable que les demandes de remboursement de dépôts soient si fréquentes, en temps normal tout au moins.

Néanmoins en temps de crise il est évident que le banquier à certains risques à courir. Si tous les déposants se précipitent pour venir réclamer leur argent le même jour, la banque sera assurément dans l’impossibilité de les satisfaire, puisque son argent ou plutôt leur argent est en train de courir le monde. Il est vrai qu’il ne tardera pas à rentrer, mais enfin entre les capitaux empruntés par la banque sous forme de dépôt et ceux prêtés par elle sous forme d’escompte, il y a toujours cette différence que les premiers peuvent lui être réclamés sans délai, tandis qu’elle ne peut réclamer les seconds qu’au bout d’un certain temps, et cette différence peut suffire, à un moment donné, pour entraîner sa faillite.

Mais ce danger si problématique est-il une raison suffisante pour empêcher les banques de faire valoir les capitaux déposés chez elles et pour les obliger à les garder intacts comme un véritable dépôt, à l’instar des vieilles banques de Venise ou d’Amsterdam ? Certainement non. Tout le monde se trouverait fort mal de cette rigueur :

1° Les déposants eux-mêmes tout d’abord, car il est clair que si la banque devait garder leur argent dans ses caves sans l’employer, bien loin de pouvoir les bonifier d’un intérêt, elle devrait au contraire leur faire payer un intérêt pour ses frais de garde, comme les banques anciennes. Mieux vaut donc pour les déposants courir le risque d’attendre quelques jours leur remboursement que d’être obligés de garder chez eux leur argent improductif ou de payer pour qu’on le leur garde.

  1. Ajoutez que non seulement l’escompte est un mode de prêt commode mais qu’il est encore extrêmement sûr, à raison de la solidarité de tous les signataires. Sur 14 milliards de fr. escomptés, la Banque de France n’a perdu (en 1894, par exemple) que 800.000 fr. — soit 2 centimes par 1.000 fr.