Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous forme de billets est bien plus avantageux que celui qu’elles se procurent sous forme de dépôts, puisque celui-ci leur coûte généralement, comme nous l’avons vu, un intérêt de 1 ou 2 %, tandis que celui-là ne leur coûte rien, sauf les frais de fabrication qui sont de peu d’importance.

Mais on ne peut se dissimuler que si cette opération est susceptible de procurer de beaux bénéfices aux banques, elle est faite aussi pour leur créer de graves dangers. En effet, le montant des billets en circulation qui peuvent à tout instant être présentés au remboursement représente une dette immédiatement exigible, tout comme celle résultant des dépôts, et, par suite, la banque se trouve exposée désormais à un double péril : elle a à répondre à la fois du remboursement de ses dépôts et du remboursement de ses billets.

Si la nécessité d’une encaisse s’imposait déjà quand la banque n’avait à faire face qu’au remboursement de ses dépôts, elle sera bien plus urgente quand la Banque ajoutera à la dette déjà résultant de ses dépôts à vue ; celle résultant de ses billets en circulation. On comprend donc que dans plusieurs pays, la loi elle-même impose cette encaisse[1].

Malheureusement, comme l’argent qui dort dans les caves ne rapporte rien, l’intérêt des banques les pousse à réduire leur encaisse au minimum et il leur est difficile de résister à la tentation. Si la Banque de France, par exemple, était une banque absolument privée, il est certain que les actionnaires protesteraient énergiquement contre l’immobilisation de ses trois milliards de numéraire et demanderaient qu’on les employât à l’escompte ou à toute autre opération lucrative.

  1. Contrairement à ce qu’on croit communément, la loi française ne fixe à la Banque de France aucune proportion déterminée pour son encaisse : celle-ci pourrait être nulle, quoique d’ordinaire elle soit plutôt excessive. — En Allemagne, en Belgique, la loi fixe la proportion, tout à fait arbitraire d’ailleurs, d’un tiers. En Suisse, 40 % du montant des billets émis.