Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/357

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de l’offre et la demande appliqué aux effets de commerce. Supposons que les créances de la France sur l’étranger, soit à raison de ses exportations, soit pour toute autre cause, s’élèvent à 3 milliards fr. Supposons que les dettes de la France vis-à-vis de l’étranger, à raison de ses importations, de ses emprunts, ou pour toute autre cause, s’élèvent à 4 milliards. Il est certain qu’il n’y aura pas assez de papier pour tous ceux qui en auront besoin, puisqu’on ne pourra en offrir que jusqu’à concurrence de 3 milliards et qu’on en aurait besoin jusqu’à concurrence de 4 milliards. Tous ceux qui ont besoin de ce papier pour s’acquitter feront donc surenchère et le papier sur l’étranger sera en hausse, c’est-à-dire qu’une traite de 1.000 francs payable sur Bruxelles ou sur Rome, au lieu de se vendre 1.000 francs se vendra 1.002 ou 1.005 francs. Elle sera, comme l’on dit, au-dessus du pair : elle fera prime[1].

À l’inverse, si l’on suppose que les créances de la France sur l’étranger s’élèvent à 4 milliards fr., tandis que les dettes de la France vis-à-vis de l’étranger ne s’élèvent qu’à 3 milliards, il est certain que le papier sera surabondant, puisqu’il y en aura pour 4 milliards de disponible et que le règlement des échanges n’en pourra absorber que 3 milliards. Un grand nombre de traites ne trouveront donc pas preneurs et ne pourront être utilisées qu’en les envoyant à l’étranger pour les faire toucher. Aussi les banquiers s’efforceront-ils de s’en débarrasser en les cédant même au-dessous de leur valeur. La traite de 1.000 francs sur Bruxelles sera ainsi cédée 998 francs ou peut-être même à 995 francs : elle tombera au-dessous du pair.

  1. C’est toute une science que de mesurer et de coter ces variations du change. On prend en général pour unité la lettre de change de 100 unités monétaires (francs, dollars, roubles, marks, florins, etc.), et on cherche si elle est cotée à un prix inférieur ou supérieur à sa valeur nominale. Soit une lettre de change de 100 marks sur Hambourg comme le mark vaut 1 fr. 25, la valeur nominale de cette lettre est de 125 fr. — Toutefois dans le change sur Londres, on prend pour unité la lettre de change de 1 livre dont la valeur réelle est de 25 fr. 22. Le change sur Londres est donc au pair toutes les fois que le papier sur Londres est coté exactement 25 fr. 22.