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tous ceux qui ont vendu à l’étranger, déterminera un grand nombre de négociants à suivre leur exemple : en d’autres termes, la hausse du change agit comme une prime à l’exportation[1].

Mais, en raison même de l’accroissement des exportations, le nombre de lettres de change auxquelles chacune d’elles donne naissance se multipliera, et la valeur de ces lettres, suivant la loi générale de l’offre et de la demande, s’abaissera progressivement jusqu’à ce qu’elle soit redescendue au pair.

À l’inverse, si le papier descend au-dessous du pair, il est facile de démontrer par le même raisonnement que cette dépréciation entraînera une perte pour les négociants qui ont vendu à l’étranger et tendra par conséquent à réduire les exportations, puis à réduire par contre-coup l’offre de papier sur l’étranger jusqu’à ce que sa valeur ait été relevée au pair.

En somme, il n’y a rien de plus ici que le mécanisme ordinaire de l’offre et de la demande qui, toutes les fois que la valeur d’une marchandise s’écarte de sa position d’équilibre, tend à l’y ramener par un accroissement ou un resserrement de la production.

Nous avons dit que, exceptionnellement, le cours des changes pouvait varier dans des proportions assez considérables et même limitées. Voici quels sont ces cas :

1o D’abord, s’il s’agit d’une place fort éloignée ou avec laquelle les moyens de communication ne sont pas faciles, les frais d’envoi du numéraire étant beaucoup plus considérables, les variations de prix des lettres de change pourront aussi être beaucoup plus accentuées. Il est clair qu’un négociant qui aurait à faire des paiements à Khartoum ou aux villes nou-

  1. Après la guerre de 1870, les exportations de la France augmentèrent beaucoup pendant quelques années. Pourquoi ? Parce que les énormes paiements que nous avions à faire à l’Allemagne ayant fait monter le papier sur l’étranger fort au-dessus du pair, le bénéfice que retiraient nos exportateurs du papier qu’ils tiraient sur leur débiteur étranger était tel qu’ils pouvaient se contenter d’un très petit profit sur le prix de leurs marchandises et même les vendre à perte. Un en était arrivé à vendre à l’étranger moins pour gagner sur le prix de la marchandise que pour avoir par ce moyen la faculté de tirer une traite et gagner sur le prix de cette traite.