Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/365

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Toutefois cet arrêt complet des avances et de l’escompte que nous venons de supposer serait une mesure trop radicale. D’une part il provoquerait dans le pays une crise terrible en supprimant tout crédit : d’autre part il porterait préjudice à la Banque elle-même en supprimant ses opérations et, du même coup ses bénéfices. Mais la Banque peut obtenir le même résultat d’une façon plus douce en restreignant simplement le montant de ses avances et de ses escomptes : il lui suffit pour cela soit d’en élever le taux, soit de se montrer plus exigeante pour l’acceptation du papier présenté à l’escompte, en refusant celui dont l’échéance est trop éloignée ou dont la signature ne lui paraît pas assez solide.

Sans doute, cette mesure, même modérée, est peu agréable au public commerçant. Elle l’est d’autant moins qu’intervenant justement au moment où l’on a besoin de numéraire, elle rend plus difficile de s’en procurer. On l’a même accusée d’avoir souvent provoqué une crise et nous le croyons sans peine. C’est un remède héroïque, mais malgré cela c’est bien celui qui convient à la situation et une banque prudente ne doit pas hésiter à y recourir pour défendre son encaisse — on appelle cela « serrer l’écrou » ; — son efficacité a été pleinement démontrée par l’expérience.

Non seulement elle a d’heureux résultats pour la Banque, en ce sens qu’elle pare le coup qui la menace, mais elle produit d’heureux effets pour le pays lui-même en modifiant d’une façon favorable sa situation économique.

    tres de change qu’elle a en portefeuille arrivant successivement à échéance, c’est une somme de 1 milliard qui va lui rentrer jour par jour, d’ici à 90 jours au plus tard, et pour la grosse part, beaucoup plus tôt. À ce moment-là que sera devenue sa situation ? — Si on lui a payé ce milliard en numéraire, elle se trouve alors avoir en caisse 2 milliards de numéraire, juste le montant de ses billets. Elle n’a donc plus rien à craindre. — Si on lui a payé ce milliard en billets, alors elle se trouve n’avoir plus en circulation que 1 milliard de billets, juste le montant de son encaisse elle n’a rien à craindre non plus. Si on lui a payé ce milliard moitié numéraire, moitié billets, alors elle se trouve avec une encaisse portée à 1.500 millions, une circulation de billets réduite à 1.500 millions, rien à craindre non plus. — Et de même avec toute autre combinaison que l’on voudra imaginer.