Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/367

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des fonds en vendant leurs titres de rente ou valeurs mobilières quelconques. Elles baissent donc et suivent le sort du papier de commerce. Mais de même que la baisse du papier attirait les demandes des banquiers étrangers, de même la baisse des valeurs de Bourse va provoquer de nombreux achats des capitalistes étrangers, et de ce chef la France va encore se trouver constituée créancière de l’étranger pour tout le montant des sommes considérables consacrées à ces achats.

Enfin si l’élévation de l’escompte est forte et suffisamment prolongée, elle amènera un troisième résultat, la baisse dans le prix des marchandises. — Nous venons de dire que les commerçants qui ont besoin d’argent commençaient d’abord par s’en procurer en négociant leur papier de commerce, que si cette ressource leur faisait défaut ou était trop onéreuse, ils se rabattaient sur les valeurs de Bourse qu’ils pouvaient avoir en portefeuille, mais enfin, s’ils sont à bout de ressources, il faut bien, pour se procurer de l’argent, qu’ils vendent, qu’ils « réalisent tes marchandises qu’ils ont en magasin. De là une baisse générale des prix. Mais cette baisse ici encore va produire les mêmes effets et sur une plus grande échelle, c’est-à-dire qu’elle va provoquer les achats de l’étranger, augmenter par conséquent les exportations de la France et par suite la rendre créancière de l’étranger.

En somme on peut résumer tous ces effets en disant que l’élévation du taux de l’escompte crée une rareté artificielle de monnaie[1] et par là provoque une baisse générale de toutes les valeurs — ce qui est sans doute un mal, — mais elle provoque aussi, par voie de conséquence, des demandes considérables de l’étranger et par suite des envois d’argent — ce qui est un bien, et précisément le remède qui convient à la situation.

  1. Artificielle, disons-nous, mais qui correspond pourtant à une réalité ou du moins à une éventualité qui tend à se réaliser, à savoir la fuite du numéraire à l’étranger. On guérit le mal par un mal semblable : c’est le précepte de certaines écoles en médecine : similia similibus.