milieu dans lequel il est appelé à vivre et que les Anglais appellent standard of life, si on accorde que ce niveau, au lieu d’être « de fer », est en réalité élastique, mobile, variable suivant la race, le climat, l’époque, qu’il tend à s’élever sans cesse et nécessairement au fur et à mesure que se multiplient les besoins, les désirs, les exigences des hommes civilisés, — en ce cas la formule devient beaucoup plus accommodante, mais aussi presque trop optimiste et promet plus qu’il n’est permis d’espérer il ne faut plus l’appeler la loi d’airain, mais comme on l’a dit avec esprit, la « loi d’or » des salaires[1].
Une troisième théorie, tout en appliquant comme la précédente les lois de la valeur au salaire, arrive pourtant à des conclusions tout à fait opposées et aussi optimistes que les précédentes sont pessimistes[2].
Et voici comment-elle raisonne :
La valeur du travail, dit-elle, ne peut être assimilée à la valeur d’une marchandise soumise uniquement à la loi de l’offre et de la demande sous l’action de la concurrence. Le
- ↑ Si nous avions demandé, par exemple, aux disciples de Lassalle pourquoi les salaires des journaliers de nos campagnes qui, autrefois, ne leur permettaient que de manger du pain noir et de porter des sabots, se sont assez élevés de nos jours pour leur permettre de manger du pain blanc et de porter des souliers ? ils nous auraient répondu « C’est précisément parce qu’ils ont pris de nouveaux besoins et de nouvelles habitudes que leurs salaires se sont accrus ». Très bien, mais en ce cas, du jour où ils prendront l’habitude de manger de la viande avec leur pain et de porter des gilets de flanelle sous leur veste, vous devez tenir pour certain que leur salaire s’élèvera assez pour leur permettre de satisfaire à ces nouveaux besoins. Or que peut-on désirer de mieux ? Ce n’est plus le salaire de l’ouvrier qui réglera son ordinaire c’est au contraire, son ordinaire qui réglera son salaire. Radieuse perspective ! C’est sous ce jour optimiste que la loi d’airain a été présentée notamment par l’américain Gunton dans Wealth and progress.
- ↑ Celle-ci est de date plus récente. Elle a été enseignée d’abord par l’américain Fr. Walker dans son livre The Wages Question. Elle a été adoptée par l’économiste anglais Stanley Jevons. Trois de nos collègues, MM. Beauregard, Chevallier et Villey, dans trois ouvrages qu’ils ont publiés simultanément sur les salaires, et qui ont été couronnés tous les trois par l’Institut, s’y sont ralliés également avec quelques variantes.