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supérieurs et notamment que l’homme. Comme cette loi semble tenir à un certain antagonisme physiologique entre l’activité génésique et l’activité cérébrale, il est permis d’espérer que la fécondité de l’espèce humaine est destinée à se ralentir progressivement au fur et mesure que le développement intellectuel et moral des individus, et particulièrement celui des femmes, ira grandissant[1].

3° Les lois psychologiques que nous connaissons de la variété, de la limitation et de la substitution des besoins (p. 47-48) nous ouvrent aussi quelques perspectives favorables. Si, en effet, la nature ne met à notre disposition qu’une quantité limitée de chaque richesse, elle nous offre en revanche une quantité véritablement infinie de combinaisons possibles et que les désirs de l’homme n’arriveront jamais à épuiser[2]. Par exemple le besoin d’alimentation ne sera jamais remplacé par aucun autre, mais le besoin de tel aliment en particulier pourra toujours être remplacé par quelque autre. Si les hommes ne devaient se nourrir que de blé, il paraît certain que tôt ou tard il n’y en aurait point assez ; mais comme ils mangent au contraire de moins en moins de pain et le remplacent par une infinité d’aliments divers, et qu’on en invente toujours de nouveaux, il n’y a pas de raison pour penser qu’on voie jamais la fin de la carte du menu[3].

  1. Voy. Evolution of Sex, par Patrick Geddes (traduit en français), ch. xx, Van der Smissem, La population, et Nitti, La popolazione e il sistema soziale (traduit en français).
    Le mouvement féministe qui tend à ouvrir aux femmes toutes les fonctions sociales, doit aboutir nécessairement à restreindre progressivement leur fonction naturelle d’épouse et surtout de mère.
  2. On sait que la variété infinie des composés organiques, connus ou à connaître, dérive uniquement des combinaisons de quatre corps simples qui existent dans la nature à profusion, l’oxygène, l’hydrogène, l’azote et le carbone.
  3. Le professeur Patten (Consumption of Wealth) pense que la tendance à l’uniformité de la consommation, dans le monde civilisé, par le fait de l’imitation, est fâcheuse précisément parce qu’il devient beaucoup plus difficile de satisfaire à un même besoin quand il est très généralisé, mais la consommation deviendrait bien plus élastique si chaque peuple savait mieux se différencier des autres en adaptant ses besoins au milieu où il vit. C’est un des arguments qu’il fait valoir en faveur du protectionnisme.