Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/591

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des capitaux — ne les attache pas plus particulièrement à tel lieu qu’à tel autre. Et au contraire faut un certain cosmopolitisme pour faire des placements avec intelligence et les suivre.

Au point de vue purement économique, on se plaint aussi de l’absentéisme parce que, dit-on, celui qui va dépenser ses revenus au dehors n’en fait pas profiter ses concitoyens et en fait au contraire bénéficier les étrangers. Et les faits paraissent bien justifier cette assertion. La résidence de riches étrangers en Suisse, en Italie, à Paris, sur la côte de Nice, n’est-elle pas considérée à bon droit par ces pays eux-mêmes comme une source de richesses ? Or, il est évident que si, par le seul fait de sa présence, l’absentéiste procure un bénéfice au pays où il réside, de même, par le seul fait de son absence, il doit infliger un préjudice égal au pays qu’il a quitté. En effet cet argent dépensé au loin, il ne saurait le dépenser (ni le placer) chez lui.

Il est vrai que tout se réduit en somme à un déplacement d’argent qui est enlevé d’un côté et apporté de l’autre et nous savons que tout accroissement ou toute diminution dans la quantité de numéraire est envisagé par les économistes avec une superbe indifférence.

Mais nous avons eu l’occasion de nous expliquer à diverses reprises (Voy. p. 95 et 287) sur cette théorie qu’il serait indifférent à un pays d’avoir peu ou beaucoup de monnaie. Dans le cas qui nous occupe, nous nous bornerons à faire remarquer que si des Anglais ont consenti à donner 50 millions à la Suisse, uniquement pour avoir le plaisir de voir ses lacs et ses glaciers, il est clair que la Suisse pourra échanger, quand elle voudra, ces 50 millions contre pareille valeur de marchandises anglaises, et que celles-ci par conséquent constitueront pour elle un accroissement de richesses qui ne lui aura rien coûté.

Mais, objectera-t-on, les Anglais en échange de leurs 50 millions auront consommé pour une valeur égale de produits suisses et au bout du compte il n’y a rien de plus ici qu’un échange de marchandises suisses contre marchandises anglaises ? — Voilà qui n’est nullement prouvé et même peu vraisemblable. Nul doute au contraire que les 50 millions