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CHAPITRE II

L’ÉPARGNE

I

DES CONDITIONS DE L’ÉPARGNE.

L’épargne, nous l’avons dit déjà, c’est la consommation encore, mais la consommation différée. L’homme au lieu de satisfaire ses besoins présents songe à ses besoins futurs et, comme le dit très bien la locution populaire, il « met quelque chose de côté » pour le lendemain ou pour les besoins de sa vieillesse ou pour ceux de ses enfants.

L’épargne est généralement, associée dans le langage ordinaire, et même dans le langage des économistes, au placement, c’est-à-dire à l’emploi productif de l’épargne. Mais ce sont là deux actes tout à fait indépendants, car l’épargne trouve en elle-même son propre but et se suffit à elle-même : pourvoir aux besoins futurs est un acte économique assez important bien que l’opinion publique lui soit peu sympathique et le flétrisse du nom de thésaurisation.

Les animaux eux-mêmes, du moins certains d’entre eux dont le type est la fourmi, connaissent et pratiquent l’épargne (mais non le placement !) C’est même, avec le travail et la division du travail, à peu près le seul acte économique qui soit pré-humain et auquel on puisse donner par excellence le nom de « naturel ».

Et néanmoins il ne faudrait pas croire que l’épargne se fasse d’elle-même et spontanément. Il faut au contraire, pour qu’elle se réalise, un ensemble de conditions assez difficiles :