Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/598

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1° Les caisses d’épargne sont des établissements destinés a faciliter l’épargne en se chargeant de la garde des sommes épargnées. Elles rendent au déposant le service de mettre son épargne en sûreté contre les voleurs et peut-être plus encore contre lui-même.

En effet, le meilleur moyen de sauvegarder t’épargne naissante est de la soustraire aux mains de son possesseur, afin de l’empêcher de céder trop aisément à la tentation de la dépenser. La tire-lire, si connue des enfants sous la forme d’un vase de terre dans lequel on introduit par une petite fente des pièces de monnaie, est une application ingénieuse de cette idée. Pour rentrer en possession de la pièce, il faut en effet casser le vase, et quoique ce ne soit pas bien difficile, on pense que ce fragile obstacle sera suffisant pour donner le temps de la réflexion et pour permettre à l’enfant de s’armer contre la tentation.

La caisse d’épargne n’est qu’une tire-lire perfectionnée. Les petites sommes déposées dans cet établissement restent sans doute à la disposition du déposant ; toutefois, elles ne sont plus dans sa main ni dans sa poche, et pour les recouvrer, il faut toujours certaines formalités et en tous cas un peu plus de temps que pour casser la tire-lire.

Pour encourager l’épargne, ces caisses assurent aussi au déposant un petit intérêt. Toutefois cet intérêt ne doit être considéré que comme une sorte de prime, de stimulant à l’épargne, et il ne doit pas être trop élevé. Le rôle de la caisse d’épargne en effet n’est pas de servir d’institution de placement[1]. Elle est faite pour permettre aux gens de constituer quelques avances ou même de se former un petit capital :

  1. Aussi, en France, par la loi de 1895, le maximum de chaque dépôt qui était auparavant de 2.000 fr. a été abaissé à 1.500 fr. Le taux d’intérêt qui était de 4 p. 0/0 (ce qui mettait l’État en perte, puisque ces fonds déposés à la Caisse d’épargne et placés en rentes sur l’État ne rapportaient pas même 3 p. 0/0) est réglé désormais d’après le taux de capitalisation des rentes sur l’État et varie comme lui.
    C’est une grande exagération de dire, comme on le fait sans cesse, que les Caisses d’épargne représentent l’épargne ouvrière : en réalité les ouvriers proprement dits, urbains ou ruraux, n’y figurent que dans la proportion d’un quart.