Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant pour les prêteurs qui préfèrent les chances de gain et de perte à la sécurité d’un revenu fixe, le crédit moderne a créé une autre combinaison : au lieu de leur garantir un revenu fixe, l’emprunteur leur promet seulement une part des bénéfices, s’il y en a, et rien s’il n’y en a pas. Et si même il y a des pertes, c’est sur leur capital prêté que ces pertes retomberont d’abord. En ce cas, la créance de ces prêteurs, au lieu de s’appeler une obligation, s’appelle une action, et leur revenu, au lieu de s’appeler intérêt, s’appelle dividende[1]. Naturellement le taux du dividende doit être supérieur au taux de l’intérêt puisqu’il représente un revenu plus aléatoire, mais nous retrouverons cette question au moment où nous nous occuperons des profits.


V

SI LE TAUX DE L’INTÉRÊT TEND À LA BAISSE ?

S’il faut souhaiter la hausse des salaires, par contre il faut souhaiter la baisse de l’intérêt, et cela à tous les points de vue.

Au point de vue de la répartition des richesses — car par cela même qu’elle réduirait le prélèvement exercé par les capitalistes rentiers sur la production totale, elle accroîtrait d’autant la part disponible pour le travail. D’ailleurs le taux de l’intérêt ne détermine pas seulement le revenu des capitalistes ; il détermine indirectement le taux des profits, des loyers, des fermages même, et par conséquent de tous les revenus des classes possédantes.

Au point de vue de la production — car par cela même qu’elle abaisserait sans cesse le prix de location du capital,

    était la fraction du capital représentée par l’intérêt. Au lieu de dire qu’on prêtait à 5 %, on disait prêter au denier 20 (parce que l’intérêt représente en ce cas le 1/20 du capital), au lieu de 4 %, on disait au denier vingt-cinq, etc.

  1. Il y a aussi ce qu’on appelle les arrérages qui ne sont autre chose que les intérêts des emprunts dans lesquels le capital n’est pas remboursable, les rentes sur l’État généralement.