de nous, qui mettait son orgueil à rester dernier de la classe, dont je revois le mauvais regard, les cheveux ramenés bas sur le front, plaqués, luisants de pommade, et la La Vallière couleur sang ; il dirigeait la bande et celui-là vraiment voulait ma mort. Certains jours je rentrais dans un état pitoyable, les vêtements déchirés, pleins de boue, saignant du nez, claquant des dents, hagard. Ma pauvre mère se désolait. Puis enfin je tombai sérieusement malade, ce qui mit fin à cet enfer. On appela le docteur : J’avais la petite vérole. Sauvé !
Bien soignée la maladie suivit son cours normal ; c’est-à-dire que j’allais être bientôt remis sur pied. Mais à mesure qu’avançait la convalescence et qu’approchait l’instant où je devrais reprendre le licol, je sentais une affreuse angoisse, faite du souvenir de mes misères, une angoisse sans nom m’envahir. Dans mes rêves je revoyais Gomez le féroce ; je haletais poursuivi par sa meute ; j’essuyais à nouveau contre ma joue l’abominable contact du chat crevé qu’un jour il avait ramassé dans le ruisseau pour m’en frictionner le visage, tandis que d’autres me tenaient les bras ; je me