l’aise, mais le premier soir, tout dépaysé dans le grand salon de La Roque, malgré l’accueil affectueux d’Anna et de ma mère, le pauvre petit éclata en sanglots. Comme j’y allais aussi de toute mon affection, je fus plus que surpris et presque choqué par ces larmes ; il me semblait qu’il reconnaissait mal les prévenances de ma mère ; pour un peu j’aurais trouvé qu’il lui manquait. Je ne pouvais comprendre alors tout ce que le visage de la fortune peut présenter d’offensant pour un pauvre ; et pourtant le salon de La Roque n’avait rien de bien luxueux ; mais on s’y sentait à l’abri de cette meute de soucis qu’excite et fait aboyer la misère. Armand aussi quittait les siens pour la première fois, et je crois qu’il était de ceux qui se blessent à tout ce qui ne leur est pas familier. Du reste la fâcheuse impression de ce premier soir dura peu ; bientôt il se laissa cajoler par ma mère et par Anna qui avait de bonnes raisons pour le comprendre mieux encore. Pour moi j’étais ravi d’avoir un camarade, et remisai mes hameçons.
Notre plus grand amusement était de nous lancer à travers bois, à la manière des