Page:Gide - Souvenirs de la Cour d’assises.djvu/102

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Qu’il ressort néanmoins de sa première déposition qu’il a été attaqué par derrière et qu’il n’a pu voir l’agresseur. —

D’autre part,

 Attendu

Que la déposition de Cordier concorde entièrement avec celles des filles Gabrielle et Mélanie, seuls témoins de l’agression, et qu’il ressort de leurs dires que Cordier na point pris part à l’attaque, mais s’est contenté de recevoir l’argent de la victime, que Goret et Lepic, les deux agresseurs, lui tendaient ;

Qu’il ressort de ces dépositions que Goret, beaucoup moins ivre que les autres, n’ayant participé à aucune des précédentes “ tournées ”, suivait le groupe par derrière, à l’insu de Braz, jusqu’au moment où il a bondi sur lui ; que Lepic entraînait le marin avec une intention précise ; et qu’il semble que Cordier, faible de caractère, presque incapable de résister à l’entraînement et de plus complètement ivre, n’ait fait que suivre.

Que ceci trouve, du reste, confirmation dans le fait que, lors du partage, Goret et Lepic se réservant la forte somme, ont jugé suffisant de lui donner 10 francs, comme ils avaient remis 5 francs à chacune des deux filles, pour prix du silence.

 Attendu

Que la déclaration de Cordier recueillie au cours de l’instruction, dont se sont servis les avocats défenseurs des autres accusés, et le ministère public : “ C’est moi seul qui ai fait le coup avec un autre camarade ; ni Lepic, ni Goret n’étaient là ; je ne regrette qu’une chose, c’est de ne pas l’avoir