Page:Gide - Souvenirs de la Cour d’assises.djvu/37

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et n’allait jamais boire ou s’amuser avec les autres.

À cette époque de sa vie Marceau se trouve devoir :

45 francs à un marchand de bicyclettes,

70 francs au blanchisseur,

7 francs au cordonnier.

Avec le peu qu’il gagne, comment pourrait-il s’en tirer, sans voler ?…

Son premier vol avait déjà été commis “ avec préméditation ” ; le dimanche précédent, apprend-on, il avait acheté une bougie, puis, la veille du vol, emprunté à son patron un tournevis, qui lui servit à ouvrir le tiroir où se trouvaient les 35 francs qu’il avait pris.

Le crime qui nous occupe aujourd’hui demandait une préparation plus savante. Ou du moins, une première tentative, qui échoua, servit en quelque sorte de répétition générale.

La nuit du 26 mars, Marceau pénétrait donc une première fois dans la petite maison isolée qu’occupaient à *** la vieille Madame Prune, restauratrice, et sa bonne. Il brisait, au rez-de-chaussée, un carreau de la salle à manger, ouvrait la fenêtre et entrait dans la pièce. Il espérait, a-t-il avoué, trouver de l’argent dans un tiroir de la cuisine ; mais la porte de la cuisine était fermée à clef ; après quelques vains efforts pour l’ouvrir, il repartait en se promettant de revenir mieux outillé, le lendemain.