Page:Gide - Un esprit non prévenu, 1929.djvu/40

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L’une, extérieure et que l’on nomme communément « objective, » qui voit l’abord le geste d’autrui, l’événement, et qui l’explique et l’interprète.

L’autre, qui s’attache d’abord aux émotions, aux pensées, invente événements et personnages les mieux propres à mettre ces émotions en valeur — et risque de demeurer impuissante à peindre quoi que ce soit qui n’ait d’abord été ressenti par l’auteur. La richesse de celui-ci, sa complexité, l’antagonisme de ses possibilités trop diverses, permettront la plus grande diversité de ses créations. Mais c’est de lui que tout émane. Il est le seul garant de la vérité qu’il révèle, le seul juge. L’enfer et le ciel de ses personnages sont en lui. Ce n’est pas