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L’AMANT DÉSESPÉRÉ . 215


Mais quel son a frappé mon oreille éperdue ?
Peut-être est-ce un soupir de ma divinité,
Qui dit à mon coeur agité :
Viens , elle te sera rendue.



C’est elle ! ô doux retour ! hâtons-nous d’approcher.
J’entends ses pieds fouler les feuilles gémissantes ;
Mais non... c’est ce ruisseau qui va contre un rocher
Briser, en murmurant, ses ondes blanchissantes.


Ce ruisseau murmurer ?... Il gémit sur mon sort.
Ces arbres attristants et voués à la mort
Qui couronnent ces rives ,
Ces sapins , ces cyprès , leur morne majesté ,
Ces bois silencieux, leur vaste obscurité,
Tout semble prendre part à mes douleurs plaintives.


Ah ! revînt-elle encore, il ne sera plus temps.
Ses yeux, au lieu de moi , retrouveront ma cendre ;
Et les pleurs que sur elle on la verra répandre ,
Ses regrets douloureux, ses longs gémissements,
Viendront au tombeau même éveiller mes tourments.