Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1776.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mêle aux tendres propos ses blasphèmes charmans ;
Lui prêche de Famour les doux égaremens ;
Traite la piété d’aveugle fanatisme
Et donne, en se jouant, des leçons d’Athéisme.
Voilà donc, cher Ami, cet âge si vanté,
Ce Siècle heureux des Moeurs & de FHumanité :
A peine des vertus Fapparence nous reste ;
Mais détournant les yeux d’un tableau si funeste,
Eclairés par le goût, envisageons les Arts :
"Quel désordre nouveau se montre à nos regards !
De nos Pères fameux les Ombres insultées ;
Comme un joug importun, les règles r.ejettées ;
. Les genres opposés bisarrement unis ;
La nature, le vrai de nos Livres bannis ;
Un désir forcené d’inventer & d’instruire ;
D’ignorans Ecrivains, jamais las de produire ;
Des brigues ; des Partis l’un à l’autre odieux ;
Le Parnasse idolâtre adorant de faux Dieux ;
Tout me dit que des Arts la splendeur est ternie.
Fille de la Peinture 8c soeur de FHarmonie,
Jadis la Poésie, en ses pompeux accords,
Osant même au néant prêter une ame, un corps,
Egayois la raison de riantes images ;
Cachoit de la vertu les préceptes sauvages
Sous le voile enchanteur d’aimables fictions j
Audacieuse & sage en ses expressions,