Page:Gilbert - Le Jugement dernier, 1773.djvu/23

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Sans relâche, ô mon Dieu ! se heurtent devant vous :
Innombrable amas de victimes
Qui portent sur leur front la liste de leurs crimes.

Mais d’où vient que je nage en des flots de clarté ?
Ciel ! malgré moi, s’égarant sur ma Lyre,
Mes doigts harmonieux peignent la volupté !
Fuyez, pécheurs : respectez mon délire.
Je vois les Élus du Seigneur
Marcher d’un front riant au fond du Sanctuaire.
Des enfants doivent-ils connaître la terreur,
Lorsqu’ils approchent de leur père ?

Quoi ! de tant de mortels qu’ont nourris tes bontés,
Ce petit nombre, ô Ciel ! rangea ses volontés
Sous le joug de tes Loix augustes !
Des vieillards ! des enfants ! quelques infortunés !
À peine mon regard voit, entre mille Justes,
S’élever deux fronts couronnés.

Je suis vainqueur, dit l’Ange des ténèbres ;
Et les méchants jugés poussent des cris funèbres.