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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/48

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fait d’y reconnaître un spiritualisme raffiné et comme maladif, une pensée toujours inclinée vers l’observation cruelle et perforatrice des corruptions savantes et des perversités taillées à facettes de la décadence. On a dit que dans la Nuit se révèle la « nostalgie mélancolique du péché ». La. Nuit réunit les œuvres capitales de M. Iwan Gilkin, notamment Ténèbres et la Damnation de l’artiste. Un poète, « hanté de sentiments anormaux », comme a dit M. Albert Mockel, s’y livre presque à chaque page, et le sagace critique ajoute que ces sentiments, « il les revêt d’images rares et belles, où ce catholique accueille le péché comme un poison mortel au fond de somptueuses corolles. Mais le songeur hardi qu’est M. Iwan Gilkin ne s’est pas contenté d’étudier de loin les décompositions morbides qu’il s’est plu à décrire : il les a pénétrées d’un œil aigu et c’est un psychologue amer qui nous montre les répercussions mentales de l’instinct au moment où il se déprave, tandis qu’un poète altier chante par-dessus les chocs funèbres du vice et de la laideur le triomphe immortel de l’idéalité, » Quelques exemples illustreront avec avantage l’observation perspicace du critique : c’est, dans Pays de rêve, que M. Gilkin, s’écriera : Est-il une eau lustrale, est-il un bain magique Pour laver les remords de mon cœur ulcéré ? Ëst-il une eau lustrale, est-il un bain magique Pour rafraîchir ce cœur amer et nostalgique Qui pleure les pays où jamais je n’irai ? Et ailleurs :

Seigneur, que répondrai-je au démon de phosphore, J’ai soufflé sur sa flamme et vous attends encore 1 Mais, surtout, relisons ce sonnet du Pénitent qui, mieux que toute autre page, nous édifiera sur le caractère objectif de son œuvre ;