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Psaphon.

Vous êtes philosophe. Oui, j’en fais vanité,
Et mes écrits moraux prouvent ma probité.
Fameux par ses talens que la Russie honore,
Psaphon, par ses vertus, est plus célèbre encore ;
Mais vous dont l’insolence, en des vers imposteurs,
De cet âge innocent osa noircir les mœurs,
Et qui des vrais talens déchirant la Couronne,
Offensez des auteurs qui n’offensent personne ;
De la religion soldat deshonoré,
Vous qui croyez en Dieu dans un siècle éclairé,
Gilbert, de votre cœur savez-vous ce qu’on pense ?
Hypocrite, jaloux, cuirassé d’impudence,
Vous ne l’ignorez pas, votre méchanceté
Donna seule à vos vers quelque célébrité,
Et l’oubli cacheroit votre muse hardie,
Si vous n’aviez médit de l’Encyclopédie.
Encor si démasquant les Prêtres, les Dévots,
Vous diffamiez leur Dieu par d’utiles bons mots ;
Peut-être on vous pourroit pardonner la Satire :
Lorsqu’on médit de Dieu, sans crime on peut médire.
Mais toujours critiquer en vers pieux & froids,
Sans daigner seulement endoctriner les Rois,
Sans qu’une fois au moins votre muse en extase
Du mot de tolérance attendrisse une phrase ;