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Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/8

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Quand même des Catins la colère unanime,
Sans pitié m’ôteroit l’honneur de leur estime,
Et qu’enfin mon courage auroit plus de censeurs,
Que les sages du tems n’ont de sots défenseurs ;
Appellez moi jaloux, froid rimeur, hypocrite ;
Donnez-moi tous les noms qu’un Sophiste mérite ;
Je veux, de vos pareils ennemi sans retour,
Foüetter d’un vers sanglant ces grands hommes d’un jour.
Philosophe, excusez ma candeur insolente ;
Je crois, plus je vous lis, la Satire innocente.
Quoiqu’on blâme le vice, on peut avoir des mœurs,
Et l’on n’est point méchant, pour berner des Auteurs.
Auriez-vous seuls le droit de critiquer sans crime ?
Vous vantez l’Écrivain dont l’audace anonime
Interrogeant les Rois, sur leur trône insultés,
Leur dit obscurément de lâches vérités ;
Et vous osez noircir celui dont la franchise
Fait aux pédans du siècle une guerre permise ;
Qui d’un style d’airain flétrit ces corrupteurs
Et signe hardiment ses vers accusateurs ?
Eh ! Quel autre intérêt peut dicter ses censures,
Qu’un généreux desir de voir les mœurs plus pures
Refleurir sur nos bords, de vertus dépeuplés,
Et nos froids Écrivains, au bon goût rappellés,
Orner d’un style heureux une saine morale,
De leurs partis rivaux étouffer le scandale,