Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/108

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Tes yeux, qui savent trop de choses,
Pour s’être repus nuit et jour
De la pourriture des roses
Et des dégoûts des lits d’amour, —

Et ta mémoire, noire armoire
Où tous les espoirs sans espoir
Moisissent avec maint grimoire
En l’ennui de ton vain savoir ?

— Ô âcres larmes ! Pleurs funèbres !
Mes lourds sanglots ont répondu
À l’Inquisiteur des Ténèbres :
« Oui, tout mon bonheur est perdu.

« Ruine ma chair épuisée,
Les cantharides et l’alcool
L’ont brûlée et décomposée.
Mon amour sénile est un vol.

Mon âme jadis intrépide,
Drapeau chantant aux vents joyeux,
Pend, morne, trouée et sordide,
Sur mes os mous et carieux.