Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/125

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Tout l’étrange appareil où se plaît ta beauté
Comme un ciel sulfureux où pleure un soir d’automne,
Fascine mon cœur fou, qui s’épeure et s’étonne
Et qui sent défaillir toute sa volonté.

Tu respires le mal. Ta bouche et ta narine
Exhalent avec l’air brûlant de tes poumons
Le souffle magnétique et pervers des démons
Qui peuplent l’enivrant enfer de ta poitrine.

Il pénètre mes os, ce fluide mauvais ;
Ton âme satanique en mon âme s’infiltre ;
Mon cœur boit ta présence impure comme un philtre
Et je ne connais plus le Dieu que je servais.

Des instincts malfaisants la monstrueuse flore
Aux effluves de tes vices contagieux
Dans les marais pourris de mon sein spongieux
Fermente, grouille, monte et s’exalte d’éclore.

Et voilà qu’asservi par ton charme fatal,
Je suis de tes péchés l’esclave et le complice ;
Je deviens le reflet vivant de ta malice
Et l’incarnation de ton Verbe infernal.