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ET ERITIS SICUT DII



Artiste maladif, que l’idéal torture,
Et qu’irrite le goût craintif d’un affreux ciel,
Dédaigne la banale et stupide Nature,
La stupide, féconde et puante Nature,
Et consacre ton cœur à l’artificiel.

Malgré les mirlitons et les épithalames,
Toi, hautain déserteur de la Réalité,
Méprise dans leur chair et dans leur sang les femmes,
Méprise la honteuse et flasque chair des femmes,
Et nie en souriant leur grossière beauté.

Ont-ils soif, ton esprit las et morne et ta bouche
Fumante, de baisers charnellement pensifs ?
Seul, sous l’œil caressant de ta lampe, débouche
Les bouteilles, pâmé sous ta lampe, débouche
Les cachots odorants des vertiges lascifs.