Nous vous adorons, nous célébrons à genoux
Votre sainte munificence ;
Vos dons miraculeux sont bienfaisants et doux,
La peste même vous encense.
Que tes séraphins blonds parfument avec soin
D’oliban, d’encens et de myrrhe
Nos prières, de peur qu’elles sentent le foin
Du grabat où l’infirme expire,
La débauche écœurante et les fades graillons
Dans les gamelles refroidies,
L’âcreté du trois-six, le fumet des haillons,
La puanteur des maladies
En commun, les relents du sommeil à plusieurs
Dans les mansardes trop étroites,
Et l’odeur de l’usine où les noirs travailleurs
Vont faire broyer leurs chairs moites !
Ô Dieu juste, Dieu bon. Dieu sage. Dieu puissant,
Père, ta bonté nous écrase.
Mange, voici nos chairs ! Bois, voilà notre sang !
N’entends-tu pas nos cris d’extase ?
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