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REGRET



Reniant la clarté du dogme sidéral,
J’ai plongé, plein d’effroi, dans la mer des ténèbres,
Nageur désespéré, jouet des eaux funèbres,
Qu’une implacable nuit prive de tout fanal.

J’ai souhaité le Bien, je n’ai fait que le Mal.
J’ai douté, j’ai cherché, j’ai scruté les algèbres ;
Je connais le secret des énigmes célèbres
Et je touche le fond de l’abîme infernal.

Il ne me reste rien. Savoir, vertu, qu’importe ?
Que me fait tout cela, puisque mon âme est morte
Et qu’en mon sein glacé bat un cœur impuissant ?

Ah ! bienheureux ceux-là qui peuvent encore dire,
Espérant malgré tout dans les pleurs et le sang :
« Je ne crois plus à rien, mais j’ai soif du martyre ! »