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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/183

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Puissant Erôs, dieu du Désir,
Ta chair fait frémir la lumière ;
Et ta poitrine printanière,
Qui peut la baiser sans mourir ?

Ton haleine ébranle les mondes,
Tes yeux, qu’aimante le soleil,
Suscitent l’avenir vermeil
Du sein des caresses fécondes.

Ô fleur suprême de la chair,
Forme idéale de la vie,
C’est par toi que l’âme ravie
Pour prendre un corps quitte l’éther.

Et c’est aussi par ta puissance
Que les esprits inférieurs
Montent vers les mondes meilleurs
De délivrance en délivrance.

Pourquoi donc sur ta lèvre en feu
Ce cruel et triste sourire ?
Sur tes pieds sacrés je vois luire
Tes larmes et ton sang de dieu.