Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/222

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Voici l’étage des caveaux, voici les morts,
Puis les spectres en pleurs étendant leurs mains vides ;
Voici les souvenirs poignants et les remords
Errant avec du sang sur leurs linceuls livides.

Plus bas encor, voici les hontes, les péchés,
Les criminelles et monstrueuses pensées !
Sur les degrés gluants, à demi détachés,
Bavent ignoblement des bêtes enlacées.

Voici le gouffre noir d’où monte un vent glacé,
Pestilence mortelle et murmures funèbres !
Voici le bord obscur que nul n’a dépassé,
Voici l’horreur sans nom, gardienne des Ténèbres !

Là-bas, c’est le secret des épouvantements,
Les végétations sourdes d’instincts énormes,
Les appétits visqueux, les cauchemars déments,
D’immenses lacs de pus et des tumeurs informes ;

Là, c’est la région glaireuse de Satan
Où tout n’est que suçoirs voraces et mâchoires,
Où, comme un poulpe flasque et hideux, il attend
L’heure de notre mort au fond des ondes noires.