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LE MARTYR


À Francis de Croisset.


Lié brutalement au tronc noir d’un vieil arbre
Et laissant le sang frais rougir ses membres blancs,
Le fier jeune homme, nu, beau comme un dieu de marbre,
Aux flèches des bourreaux offre ses jeunes flancs.

Mais leurs regards troublés craignent son regard tendre
Et le rayonnement de sa chaste beauté.
Et, tremblants, ils voudraient fuir plutôt que d’entendre
Sa caressante voix braver leur cruauté :

« Pourquoi me frappez-vous ? Ma vie est innocente,
« Mon cœur adolescent n’est gonflé que d’amour ;
« Mon esprit pur et doux et ma chair frémissante
« Ne cherchaient qu’à fleurir à la grâce du jour.