Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/240

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Serpents de feu par les ténèbres,
Des trains, broyant les ponts de fer,
Vers d’énormes tunnels funèbres
Roulent, tonnant, crachant l’éclair.

Sur les pavés, sur les bitumes,
Où vont-ils, les lourds camions
Qui cahotent au fond des brumes
Les richesses des nations ?

Les ballots encombrent les rues,
Engloutis par maint soupirail
Ou levés par le bras des grues
Glissant et grinçant sur le rail.

Voici les cafés, les vanilles,
Voici le cuir roux des bisons,
Les bois parfumés des Antilles
Et les barils de salaisons ;

Voici les cotons et les laines,
Voici les huiles par tonneaux,
Les sacs rugueux gonflés de graines,
Et les wagons de minéraux.