Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/251

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La terre sous tes pieds léchés de pâles flammes
Tremble et toutes les fleurs se meurent sous tes pas ;
Et l’homme n’étreint plus les femmes, et les femmes
Sur leurs jeunes amants ne ferment plus leurs bras.

Ô dernier idéal des races vieillissantes,
Mortel révélateur des suprêmes beautés,
Dans les poisons versés par tes mains caressantes
Tes yeux ont vu mourir les antiques cités.

Et voici que tu viens à nous et que tu poses
Sur nos autels tes pieds qui font pâlir le jour ;
Et nos poètes dans l’encens et dans les roses
T’offrent leurs chants de gloire et leurs hymnes d’amour.

Doux Être, accorde-nous tes plus douces caresses !
Vois-tu ? Nous nous traînons à tes genoux vainqueurs,
Tandis que tes baisers dans leurs molles ivresses
Recueillent les derniers battements de nos cœurs.