Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LUCIFER



Il cria d’une voix qui brisa mes vertèbres :

— En ton sommeil, dans la vaste paix des ténèbres
Où ton repos attend les fleurs du lendemain,
Me voici, le bras haut, une flamme à la main :
Je viens toucher ton cœur de ma main lucifère ;
Regarde maintenant, comprends et désespère !
Ah ! ton futile esprit se plaisant à l’erreur,
Tu t’osais supporter toi-même sans horreur !
Tu ne voyais ni tes lâches supercheries,
Ni tes vils appétits de voluptés flétries,
Ni tes dols, ni tes vols, ni tes faux dévoûments
Singeant le sacrifice et la soif des tourments,
Ni les paons vaniteux et fous faisant la roue
Dans la nuit noire de ton âme et dans sa boue,
Ni tes songes cruels, sensuels et jaloux,
Traîtreusement couverts d’un sourire si doux