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HYPNOTISME



Par les yeux solennels du vaisseau, les hublots,
Sur la mer et le ciel ouvrant leurs insomnies,
Le passager peut voir les houles infinies
Ourler tout l’horizon de l’écume des flots.

Dans tes yeux transparents je vois ton âme bleue,
Mon enfant, dérouler son azur expansif,
Où passent, sous un ciel monotone et pensif,
Des vagues que le vent pousse de lieue en lieue.

Le nostalgique appel des vierges horizons
Vers l’inconnu m’attire et m’invite au voyage ;
— Vers l’inconnu du gouffre où gronde un grand naufrage,
Ou vers l’or inconquis des magiques toisons,

Qu’importe ? Ivre d’espace et de houle athlétique,
Bercé par les roulis de ta puissante chair,
Œil contre œil, en tes yeux je regarde la mer
Sans borne et les flots bleus de ton cœur pacifique