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AMOUR D’HÔPITAL



Ô Reine des Douleurs, qui rayonnes de sang
Comme un rubis royal jette une flamme rouge,
Le forceps, qui t’a mise au monde dans un bouge,
D’un signe obscène doit t’avoir marquée au flanc.

Dans ton œil, où voyage un reflet satanique,
Le meurtre se tapit sous un velours de feu,
Ainsi qu’au fond d’un ciel amoureusement bleu
Dans les vents parfumés flotte un mal ironique.

Tu t’es faite, ô ma sœur, gardienne à l’hôpital,
Pour mieux repaître tes regards d’oiseau de proie
Du spectacle écœurant, cruel et plein de joie
De la chair qui se fend sous le couteau brutal.