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LE MIROIR MAGIQUE



Ville immonde, cloaque où coasse, la fange
Aux dents, la lèpre au ventre, un peuple de carcasses
Fétides, grimaçant les vieux rites cocasses,
Quel magique miroir me creuse un ciel étrange ?

Pur acier, vierge azur ébloui d’un vol d’ange,
Lumière ivre où s’endort la paix des ailes lasses,
Ô mon cœur, aigle amer, c’est l’air clair où tu chasses
Tes songes éployant leur chantante phalange.

Hors du subtil mirage où l’avenir m’attire,
Tous ces baisers ailés de leur rose sourire
Mourront, flasques et vains, sous ma bouche déçue.

Sorcières ! Le bonheur prévu n’a plus de joie !
Et nulle chair future en image conçue
N’assouvira ma faim d’une idéale proie.