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LE JOUEUR DE COR


À H. de Braekeleer.


Le vitrail, on dirait la peau d’un raisin d’or.
Un soleil automnal mûrit les draperies,
Rouillant les cuirs gaufrés et les tapisseries
Où de fauves forêts s’ouvrent comme un décor.

Devant un lourd tapis chargé d’orfèvreries,
Un rose adolescent cuivre un appel de cor
Où des chasses d’antan l’hallali sonne encor
Dans le silence épais des étoffes fleuries.

Le son clair et magique ira-t-il éveiller
Un chevreuil imprévu sous le fuyant hallier
Étrangement tissu dans la haute tenture ?

Des choses d’autrefois c’est l’âme qui murmure ;
— Des choses d’autrefois et des anciens châteaux
Et des aïeux lointains qui dorment dans nos os.