Les Cloches
Les cloches par trois fois, dans l’heure fugitive
Du jour, viennent frapper notre oreille attentive,
En tout endroit chrétien où nous portons nos pas.
Et comme dans les jours, trois fois dans notre vie,
Aux instants solennels, vibre leur harmonie :
Le baptême, l’hymen et les sanglots du glas !
Car elles ont un sens, comme l’accent des lèvres ;
Elles disent l’ardeur de nos mystiques fièvres,
Elles ont des sanglots comme nos désespoirs ;
Elles sonnent l’orgueil de nos apothéoses,
Et semblent s’attendrir sur les larmes des choses,
Ou palpiter d’extase en le calme des soirs.
Sublimes seulement alors que nous le sommes,
Avec la barbarie et la haine des hommes
Leur inerte métal connaît les noirs destins :
Se laissant abaisser à l’horreur de la guerre,
Il peut sonner, clairon, la charge meurtrière ;
Ou gronder dans la voix des canons assassins.
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Quand les pâleurs de l’aube ont chassé les étoiles,
Déjà sont disparus les brouillards et les voiles ;
L’horizon s’illumine à l’orient vermeil,
Sur le satin des fleurs le cristal des nuits tremble. ―
La cloche et les oiseaux vont célébrer ensemble
La gaîté toujours belle et neuve du réveil.