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Les Deux Étoiles


 
Comme des oiselets fuyant les avalanches
Et sous la tendre mousse abritant leur duvet,
À son premier repos le Bébé réchauffait
Ses pieds roses blottis dans le nid des mains blanches.

Front sublime incliné sur l’aurore de Dieu,
La Vierge contemplait le sommeil ineffable
Du nouveau-né promis au monde misérable,
Et qui tremblait de froid dans la grotte sans feu.

Son être extasié tressaillait sous le charme ;
Quand Jésus, s’éveillant aux chants des séraphins,
Ouvrit le rêve bleu de ses grands yeux divins,
Le bonheur maternel fondit en une larme.

Noël irradia dans deux astres nouveaux :
L’étoile des trois rois mages, céleste guide,
Et cette larme, étoile auguste, plus splendide
Que l’éclat infini des nocturnes joyaux.

L’astre, éblouissement de l’ombre sans limite,
Au ciel oriental planait ; son disque ardent,
Par delà les déserts roulait vers l’Occident,
Et les savants pensifs calculaient son orbite ;

Mais comme la rosée aux pétales d’un lys
Peut refléter l’aurore en son miroir d’eau vive,
Le pleur tremblant aux cils de la Petite Juive
Reflétait tout l’orgueil des destins accomplis.